CHEVALINE | Huit ans après la tuerie, les filles Al-Hilli réentendues par les enquêteurs

CHEVALINE | Huit ans après la tuerie, les filles Al-Hilli réentendues par les enquêteurs

PUBLIE LE 01/09/2020 par Mathieu Hutin - 21425 vues

Crédits Photos : H2O | Mathieu HUTIN & Paris Match

« Quatre morts, une blessée, une rescapée. » Le 5 septembre 2012, le nom du petit village paisible de Chevaline allait devenir synonyme d’un mystérieux crime aux circonstances glaçantes puis d’une enquête hors normes, aux multiples rebondissements.

Huit ans après les meurtres du cycliste Sylvain Mollier, des parents Saad et Iqbal Al-Hilli et aussi de la grand-mère Suhaila al-Hallaf, le feu vert a été donné pour que les enquêteurs britanniques et français réentendent les fillettes devenues adolescentes Zainab et Zeena. Véronique Denizot, Procureure de la République d’Annecy de préciser : « La justice britannique a autorisé de nouvelles auditions, et les filles ont accepté alors que jusqu’alors, elles refusaient cette demande. Des auditions qui ont été réalisées très récemment ou vont l’être dans un futur très proche. »

Ce jour-là, l’auteur.e de la tuerie avait violemment frappé Zainab, 7 ans, avec la crosse de son mystérieux pistolet Luger P06 Parabellum qui n’a jamais été retrouvé. Il avait laissé la fillette pour morte à l’extérieur du break BMW, où les corps des adultes de sa famille avaient été retrouvés. Dans la soirée, les enquêteurs découvraient Zeena, 4 ans, cachée sous le corps de sa mère. A l'époque, l'aînée avait "juste" parlé d'un "méchant" et sa petite soeur n'avait "qu'entendu" le massacre. Qu'en est-il en 2020 ? Ces nouvelles auditions peuvent-elles faire avancer l'enquête huit ans après ?

Désormais âgées de 15 et 12 ans, les filles Al-Hilli se portent « aussi bien que possible au vu du traumatisme majeur qu’elles ont subi » rapporte la magistrate.

La procureure de la République d’Annecy nous explique que l’enquête connait une nouvelle dynamique depuis un an. Malgré "le jeu" des mutations, un des enquêteurs qui avait un temps quitté le dossier fait de nouveau partie de la cellule Chevaline, le directeur d'enquête initial à quant à lui été remplacé. La situation avait toutefois été anticipée par les juges en charge de l’affaire et par le Colonel Devigny. Une nouvelle cellule d’enquête avait donc été mise en place, avec un militaire de la Compagnie de Gendarmerie d’Annecy, dédié au sein de la cellule. « Au moins quatre enquêteurs composent cette cellule avec la potentialité de renforcer dès que besoin ce groupe. » selon la procureure Véronique Denizot.

« On finira par trouver ! » La procureure l’affirme, elle en est convaincue, cette enquête ira au bout. Le dossier est vivant et les investigations continuent. De nouvelles investigations ont été réalisées, notamment sur le volet ADN, où les enquêteurs et la justice espèrent des nouvelles techniques plus performantes qu’il y a huit ans. Les enquêteurs suisses continuent de travailler sur l’arme de calibre 7,65, un pistolet semi-automatique Luger P06 Parabellum utilisé par l'armée suisse au début du XX^e siècle. Pour Véronique Denizot, c’est la clé de l’enquête car il appartient à une série particulière. Il n’est pas impossible qu’il soit un jour retrouvé, ou que le nom d’un ancien propriétaire conduise les enquêteurs sur la bonne piste.

L’enquête hors norme continue donc en France, en Suisse et en Grande-Bretagne. Les dossiers de l’affaire représentent entre 80 et 100 tomes de documents, soit plus de 11 000 pièces de procédure qui occupent une pièce dédiée au tribunal. Les scellés occupent quant à eux également une grande partie de la pièce qui leurs sont destinés.